Obsolescence programmée :
10 ans de lutte

Il y a 10 ans, la France devenait le premier pays à faire de l’obsolescence programmée un délit. L’objectif : mettre fin aux pratiques visant à réduire volontairement la durée de vie des produits. Dix ans plus tard, la réalité est plus nuancée…
Écrit par
Julien Raynal
Publié le
30 Septembre 2025

Une loi pionnière mais difficile à appliquer

La loi de 2015 a marqué une étape symbolique forte. Elle envoyait un signal clair : la réduction volontaire de la durée de vie des produits n’était plus seulement un irritant pour les consommateurs, mais un délit passible de sanctions. Jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende, montant porté à 1,5 million pour les entreprises, pouvaient théoriquement être infligés.

Pourtant, dix ans après, les condamnations effectives se comptent sur les doigts d’une main. La raison est bien connue : démontrer l’intentionnalité d’un constructeur reste extrêmement complexe. Quand une batterie est scellée, quand une mise à jour logicielle ralentit visiblement un appareil ou quand les pièces détachées deviennent introuvables, la suspicion est forte… mais la preuve juridique, elle, reste difficile à établir. Résultat : la loi existe, mais elle n’a pas réellement bouleversé les pratiques industrielles.

Un signal fort mais une portée limitée

Si la loi n’a pas entraîné de bouleversements majeurs, elle a néanmoins eu un impact. D’abord, elle a permis de mettre le sujet sur la table. L’obsolescence programmée est devenue un terme connu du grand public, associé à un enjeu de consommation et de durabilité. Ensuite, elle a ouvert la voie à d’autres instruments. L’indice de réparabilité, rendu obligatoire en 2021, est sans doute le plus emblématique. Cet indice vise à informer les consommateurs sur la capacité d’un produit à être réparé, en tenant compte de la disponibilité des pièces, de la documentation technique et du coût des réparations.

Mais là encore, les limites apparaissent vite. Beaucoup de consommateurs connaissent mal cet indice, il reste souvent discret dans les points de vente, et il ne prend pas toujours en compte des critères qualitatifs qui influencent réellement la durée de vie des équipements. On le voit bien : informer est nécessaire, mais insuffisant pour transformer en profondeur les comportements d’achat.

Dix ans après, un débat toujours d’actualité

Le constat est clair : l’obsolescence programmée n’a pas disparu, et elle reste au cœur des préoccupations. Smartphones, ordinateurs, tablettes : autant de produits emblématiques qui semblent perdre en performance juste après la fin de la garantie. Cette expérience, largement partagée, entretient la méfiance.

Ce sentiment est renforcé par l’accélération technologique : les innovations rapides et les cycles de renouvellement toujours plus courts poussent les consommateurs à remplacer leurs équipements bien avant leur fin de vie réelle. Le marketing joue aussi un rôle, en valorisant le « dernier modèle » comme gage de performance et de modernité. L’obsolescence programmée ne réside donc pas seulement dans les choix techniques des constructeurs, mais aussi dans l’ensemble du système économique et culturel qui favorise le remplacement plutôt que la réparation.

De la loi aux pratiques : où se joue vraiment la bataille ?

Au fond, la vraie question est de savoir où se situe le levier le plus efficace. La loi a fixé un cadre et envoyé un signal, mais les résultats concrets restent maigres. L’indice de réparabilité a ouvert une piste, mais il ne suffit pas. La bataille se joue désormais dans les pratiques concrètes, à la fois du côté des consommateurs, des entreprises et des filières de réemploi.

Chaque année de vie supplémentaire donnée à un équipement représente une économie de ressources et une réduction d’impact carbone significatives. Par exemple, prolonger de deux ans la durée de vie d’un ordinateur portable permet de réduire son empreinte carbone d’environ 30 %. Cet ordre de grandeur illustre à quel point la question n’est pas secondaire. La lutte contre l’obsolescence programmée se traduit donc, avant tout, par la capacité à prolonger et valoriser ce qui existe déjà.

Vers une nouvelle culture du cycle de vie

Dix ans après, il serait facile de conclure que la loi n’a pas tenu toutes ses promesses. Mais ce serait oublier son rôle essentiel de prise de conscience. Elle a ouvert un débat public, elle a permis d’étiqueter et de nommer une pratique jusque-là invisible. Désormais, le défi n’est plus seulement juridique. Il est culturel, économique et environnemental.

Chez Twicy, nous croyons que l’avenir se joue dans cette nouvelle culture du cycle de vie. Plutôt que de subir l’obsolescence programmée, il s’agit de transformer la gestion des équipements en levier de valeur et d’impact positif. La loi a marqué le début du combat. Les pratiques concrètes, elles, en écriront la suite.

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